Être son plus grand obstacle : le parcours de Catherine

Témoignage

Peux-tu nous parler un peu de ton parcours jusqu’à maintenant?

Mon parcours a été assez coloré! J’ai étudié en sciences humaines au Cégep du Vieux Montréal, j’y ai fait de l’improvisation et j’ai travaillé au café étudiant. J’ai participé à Katimavik, un programme de bénévolat pancanadien, où j’ai vécu dans trois provinces avec un groupe. Après ça, j’ai travaillé un été dans la vallée de l’Okanagan à cueillir des cerises, un classique!

À mon retour, même si je n’avais pas terminé mon DEC, comme j’avais plus de 21 ans, j’ai déposé une demande d’admission à l’université pour le baccalauréat en enseignement du primaire. J’ai donc étudié dans ce programme pendant environ deux ans et demi. J’ai rapidement commencé à avoir de la difficulté à m’organiser, à effectuer mes lectures et travaux, et à ressentir de plus en plus d’anxiété de performance. Je ressentais beaucoup de pression et je me comparais à mes collègues de classe. Les autres semblaient bien réussir alors que moi, je vivais plusieurs échecs. J’ai échoué mon stage et j’ai réalisé que le milieu de l’enseignement ne me convenait pas du tout. Je me sentais désemparée par mes nombreuses lectures et les travaux universitaires… La pression était trop forte.

Après cela, je suis partie en France pendant 15 mois avec mon amoureux de l’époque, où j’ai travaillé dans des cafés. De retour à Montréal, j’ai travaillé pendant huit ans dans un café. C’était correct, mais je manquais de confiance en moi et je n’osais pas prendre de responsabilités. Ayant des amis dans le domaine, j’ai fait un peu de bénévolat dans des festivals ici et là.

J’ai suivi une formation en massothérapie, que j’ai beaucoup appréciée, mais une blessure m’a empêchée de continuer dans ce domaine. J’ai ensuite vécu des deuils très difficiles, sans parler de la fameuse pandémie, ce qui a exacerbé mes enjeux de consommation et de santé mentale.

Honnêtement, j’arrivais souvent en retard au travail parce que je faisais le party. Je me disais qu’il n’y avait pas vraiment d’impact si je rentrais fatiguée au café, après tout. J’ai finalement été mise à pied après huit ans, à cause de mes problèmes de ponctualité.

N’ayant plus d’emploi, je suis tombée dans un cercle vicieux et je ne prenais plus soin de moi. J’ai commencé à aller déposer des CV, mais je n’ai eu aucun rappel ni entrevue. Je réalise qu’il me manquait des outils pour ma recherche d’emploi : je ne postulais pas en ligne, mon CV n’était pas très peaufiné… Le stress financier s’est accentué et j’étais de plus en plus anxieuse face à tous ces refus. C’est à ce moment que j’ai dû me questionner sérieusement sur ce que je voulais, car je ne vivais que des échecs et ma confiance en moi était à son plus bas.

J’ai participé à une rencontre de Services Québec, et une conseillère m’a orientée vers le programme chez Accès-Cible SMT. Ce fut un véritable tournant dans ma vie. J’ai pu me reconstruire, gagner confiance en moi et rencontrer des gens qui comprenaient mes souffrances. J’ai gardé contact avec d’ancien·nes participant·es, le groupe m’a beaucoup aidé à travers mon parcours. Je travaille maintenant comme agente d’animation dans un organisme communautaire pour personnes âgées.

Quel a été le plus grand défi que tu as rencontré pour entrer sur le marché du travail ou faire avancer ta carrière?

Mon anxiété, mes problèmes de consommation et mon sentiment d’imposteur m’ont souvent tirée vers le bas. Je ne me faisais pas confiance et je ne reconnaissais pas que j’avais besoin de soutien. J’étais moi-même mon plus grand obstacle, étant persuadée que je n’étais capable de rien.

As-tu une anecdote amusante ou un moment marquant à raconter sur ta recherche d’emploi ou que tu as vécu dans ton travail?

Il m’est arrivé une petite situation cocasse lorsque j’ai obtenu une entrevue pour le poste que j’occupe actuellement. En effectuant mes recherches en vue de l’entretien, j’ai remarqué qu’un de mes anciens collègues du café auquel j’ai travaillé pendant huit ans occupait le poste pour lequel je postulais! J’ai pu avoir accès à des informations privilégiées à la suite de mon embauche afin de débuter du bon pied. Le monde est petit!

Y a-t-il une réussite ou un projet dont tu es particulièrement fier/fière?

C’est sûr que de compléter le programme de préparation à l’emploi m’a remise sur les rails. Je devais être en mesure de le faire quatre jours par semaine, je ne voulais donc plus partir sur le party comme avant. Le fait de voir la lumière au bout du tunnel m’a motivée à prendre soin de moi.

Mon stage s’est très bien passé et j’ai pu me prouver à moi-même que j’étais capable d’avoir un beau retour au travail, de maintenir une saine hygiène de vie et de suivre ma routine. Je suis maintenant en emploi dans un poste que j’aime beaucoup, qui me donne envie de me lever le matin et pour lequel je me sens utile, enfin!

Si tu pouvais donner un conseil à d’autres personnes vivant avec des enjeux de santé mentale, que leur dirais-tu?

Éviter de s’isoler et de rester seul·e avec ses problèmes. C’est essentiel de trouver des personnes de confiance et de se donner le droit d’être vulnérable avec eux. Il faut avoir un filet de sécurité, j’ai maintenant un suivi individuel avec le CRDM en plus de participer à des groupes de soutien. J’ai aussi gardé contact avec les personnes de mon groupe d’Accès-Cible SMT et l’on se donne des nouvelles. Connaître les ressources disponibles et s’en servir, c’est vraiment important. Que ce soit à l’école, dans un organisme ou dans notre entourage, il ne faut pas attendre des années avant de parler de nos difficultés.