Marché du travail, Vie au travail
La semaine dernière avait lieu la semaine de la santé mentale qui, en 2019, s’est déroulée sous le thème #ParlerHautEtFort. C’est un appel très pertinent pour le milieu du travail.
Le choix d’une carrière, la rédaction d’un CV, l’entrevue d’embauche et l’évaluation du rendement au travail requièrent tous que l’on soit en mesure de nommer ses compétences. Celles-ci incluent les formations, les expériences professionnelles et les habiletés relationnelles. Les professionnels qui souffrent d’un trouble de santé mentale doivent développer des compétences additionnelles; non seulement doivent-ils répondre aux exigences du poste, mais ils doivent en plus gérer un trouble de santé mentale, ce qui constitue en soi un travail à temps plein. Un travail quotidien qui commence lorsqu’on se réveille et qui ne fait pas relâche à 17 h, ni les fins de semaine. À cela s’ajoute la nécessité de développer une compétence très particulière : la gestion de la honte. La honte d’être différent.
En counseling d’orientation, je rencontre des clients atteints d’un trouble de santé mentale qui ont vécu du harcèlement psychologique, des congédiements, de l’isolement au travail et de la stigmatisation. Certains expriment leur peur de retourner au travail. D’autres craignent de ne pas trouver d’emploi s’ils parlent de leurs limitations psychologiques. Le message (erroné!) qui leur a été communiqué est le suivant : tu n’es pas aussi compétent que les autres à cause de ta maladie.
La honte que cela génère fait en sorte que le professionnel malade doive rebâtir son estime de soi tous les jours, développer une foi inébranlable en ses capacités dans un environnement peu facilitant, être créatif, identifier les sources alternatives de soutien et réguler des émotions excessivement douloureuses. Voici des compétences ignorées par grand nombre d’employeurs.
Si vous vivez une telle situation, un conseiller d’orientation peut vous accompagner vers un choix de carrière adapté, vous aider à identifier les milieux de travail appropriés et les aménagements à négocier. Sans pratiquer la psychothérapie, il peut également vous aider à établir une meilleure hygiène de vie au travail, en fonction de vos ressources et de vos limites.
Comme intervenants, visons à #ParlerHautEtFort. Quand notre client se fait dire de ne pas parler de ses problèmes de santé mentale aux employeurs, on lui apprend qu’il devrait avoir honte d’être différent. Oui, la réalité est que pour les professionnels atteints d’un trouble de santé mentale, la recherche d’emploi peut être difficile et le maintien en emploi, encore plus. Mais avec l’affection que vous portez pour votre client, voudriez-vous le voir dans une entreprise où il doit quotidiennement cacher une partie de soi? Lorsqu’on intègre un milieu de travail où notre différence est appréciée et où l’on peut être qui on est, cet emploi a le potentiel de devenir une expérience émotionnelle correctrice qui nourrit la compétence de l’amour de soi, au lieu de nourrir la honte.