Trouver son X lorsqu’on est en situation de handicap, oui c’est possible!

Carrière/Parcours professionnel, Marché du travail, Orientation/Formation

Vous êtes en situation de handicap et vous souhaitez trouver un emploi ou un programme d’études stimulant qui convient à vos aspirations? Vous craignez que ce ne soit pas possible? Permettez-moi de vous insuffler quelques bribes d’espoir! Je travaille à titre de conseillère d’orientation depuis 15 ans auprès de personnes ayant des limitations physiques ou neurologiques. Au fil des années, j’ai eu la chance d’être témoin de nombreux succès d’intégrations en emploi réussies ou de retours aux études enrichissants pour des personnes en situation de handicap.

Parler des compétences avant de parler du handicap

La maladie ou le hasard des accidents frappe malheureusement les gens sans discrimination. Un architecte peut se retrouver paralysé à la suite d’un accident d’escalade tout comme une personne qui est technicienne peut être atteinte d’une maladie dégénérative. Le handicap avec lequel vous vivez peut s’avérer visible ou invisible, mais sachez qu’il n’enlève rien à la valeur de vos compétences. Une personne en situation de handicap devrait être embauchée ou admise dans un programme d’études avant tout pour ses compétences, sa personnalité et son apport unique au milieu dans lequel elle se trouve. Une chose est primordiale : vous cherchez un emploi ou vous souhaitez choisir un programme d’études, car vous avez des compétences à offrir et des intérêts à assouvir. Votre recherche d’emploi ou votre choix de formation devrait débuter à partir de ce postulat. Vous devriez parler de vos intérêts et de vos compétences avant même de parler de vos limitations, car vous avez été convié·e à cette entrevue d’emploi ou d’admission dans un programme d’études en ayant, au préalable, offert votre temps et votre savoir.

La diversité des situations de handicap

Mettre toutes les personnes en situation de handicap dans la même catégorie de « personnes handicapées » est une erreur, car il existe autant de situations de handicaps que de personnes qui les portent. Autant de besoins, d’aspirations, de rêves et de défis à relever que de personnes rencontrées.

Le retour en emploi ou aux études dépend de plusieurs variables qui sont à évaluer sur une base singulière. En effet, nous avons tous et toutes des situations de vie et de santé différentes des autres. Il s’agit d’évaluer ce qui caractérise votre situation. De plus, deux personnes aux prises avec le même handicap peuvent avoir des besoins différents, selon la façon dont les limitations se traduisent dans leur vie.

Bien identifier ses intérêts

Les intérêts d’une personne ne sont pas dictés par ses limitations. Ils sont liés à sa personnalité, à ses goûts, à ses valeurs et à ce qu’elle est comme personne. Un intérêt professionnel est un élément d’une profession ou d’un programme d’études qui attise notre curiosité, qui nous stimule et qui se rapproche de ce que nous pouvons faire. Le fait de bien vous connaître vous permettra d’aligner vos intérêts, vos capacités réelles et les opportunités sur le marché du travail ou sur le plan académique.

Cibler ses capacités

De plus en plus, pour comprendre les situations de handicap, on parle de l’interaction entre la structure des environnements de vie, des barrières ou obstacles qu’il engendre et de la limitation elle-même. Plus son environnement sera adapté à ses limitations fonctionnelles, moins la personne aura de difficultés et moins elle sera en situation de handicap. C’est le jeu de l’interaction entre l’environnement et la situation particulière de la personne qui déterminera son degré de handicap dans une situation donnée et l’aide dont elle aura besoin. Autrement dit, la mesure dans laquelle elle a besoin d’être aidée dépend du niveau d’adaptation de son milieu.

En fonction de l’évaluation de ses capacités, elle devrait identifier des types d’emplois ou des programmes d’études menant à des postes comportant des tâches qu’elle peut effectuer. Choisir son emploi ou son programme d’études d’après ses capacités réelles est la clé. Par exemple, une personne paraplégique pourrait occuper un poste complexe de programmeur-analyste qui ne demande pas de se maintenir en position debout. À l’inverse, une personne ayant des difficultés cognitives pourrait mieux réussir dans un emploi routinier.

L’intégration en emploi et l’intégration aux études : un processus semblable

L’évaluation de l’adéquation des tâches à effectuer dans un emploi ou dans une formation, de vos intérêts et de vos capacités permettra d’identifier les adaptations à mettre en place. Ces adaptations diminueront votre situation de handicap et vous faciliteront la vie en réduisant l’impact de vos limitations au quotidien. En ce qui concerne l’intégration en emploi, vous pourriez consulter un Service spécialisé de main-d’œuvre pour personnes handicapées (SSMO-PH) afin d’obtenir des équipements ergonomiques permettant d’adapter votre poste de travail. Vous pourriez également obtenir une subvention salariale comme un contrat d’intégration au travail (CIT) pour compenser les pertes de productivité possibles. Pour l’intégration aux études, vous pourriez consulter un conseiller du Service d’accueil, de soutien et d’accompagnement pour les étudiants ayant des besoins particuliers (SAIDE) de votre établissement d’enseignement ou un conseiller·ère d’orientation dans une ressource privée ou communautaire. Vous pourriez obtenir, par exemple, un horaire allégé, un équipement technologique adapté comme un ordinateur muni de logiciels de reconnaissance vocale, un service de prise de notes ou d’interprétation. Vous pourriez également être soutenu pour obtenir le statut d’étudiant ayant une « déficience fonctionnelle majeure », ce qui permettrait à l’aide financière aux études de convertir vos prêts étudiants en bourses.

Éduquer et sensibiliser

Plusieurs préjugés persistent encore aujourd’hui et c’est en les abordant que nous parviendrons à les déconstruire. À tort, certaines personnes tendent à croire que toutes les personnes handicapées ne devraient pas travailler, qu’elles demandent plus de surveillance ou d’énergie ou qu’elles devraient toutes occuper le même type d’emploi. Il reste de l’éducation et de la sensibilisation à faire. La personne en situation de handicap est celle qui connaît le mieux ses besoins et qui est dans la meilleure position pour expliquer à un employeur ou à un·e conseiller·ère pédagogique ce dont elle a besoin pour fonctionner de façon optimale. Si elle n’est pas en mesure de le faire, elle peut obtenir de l’aide pour ouvrir le dialogue, ce qui permet souvent de créer de l’ouverture, de trouver des pistes d’accommodement et de mettre ses compétences en lumière.

Si vous apprenez un contenu qui vous stimule, que vous effectuez des tâches qui correspondent à vos capacités et que vous évoluez dans un environnement adapté à vos besoins, il y a de fortes chances que vous trouviez votre bonheur, que vous soyez aux études ou au travail, tout en étant efficace et… sur son X!


Par Mélissa Lévy

Conseillère d’orientation chez Moelle épinière et motricité Québec