Carrière/Parcours professionnel
Chacun de nous pourrait être confronté à une réorientation de carrière, que ce soit volontaire ou non. Les motifs d’un tel besoin peuvent être multiples : un épuisement professionnel, un accident, une absence de bien-être dans notre emploi actuel ou même les contrecoups d’une pandémie. Lorsque l’on se retrouve sans emploi, une réflexion s’impose souvent quant à notre avenir professionnel.
Dans une période de réflexion, plusieurs émotions peuvent nous submerger : l’espoir, l’enthousiasme, l’incertitude, la peur, le stress, l’angoisse, etc. Bien que j’ai pu rencontrer certains participants qui ont perçu la perte de leur emploi comme une occasion inspirante de revoir leurs objectifs professionnels et de prendre une décision cohérente avec leurs besoins actuels, pour d’autres, la réorientation de carrière est une grande source d’anxiété.
Mais comment reconnaitre l’anxiété?
De prime abord, il est important de distinguer ce qui appartient au stress et à l’anxiété. Le stress est une réaction automatique de notre corps face à une menace.
Selon la neuroscientifique Sonia Lupien (2010), une situation stressante appartient à l’un ou à plusieurs de ces critères : le manque de contrôle, l’imprévisibilité, la nouveauté et la menace à l’égo.
Il est donc normal d’éprouver du stress durant une réorientation de carrière, car le processus, qui peut être imprévisible et confrontant pour la confiance en soi, nous amènera à nous insérer dans un nouvel emploi sur lequel nous n’avons pas un contrôle total.
Le stress peut se manifester de différentes façons (somatique, émotive, cognitive ou comportementale), mais plusieurs ressources peuvent être mises en place pour nous apprendre à gérer notre stress et à fonctionner sainement dans nos activités quotidiennes (Lupien, 2010).
L’anxiété, quant à elle, est une émotion qui accompagne la perception d’une crainte. Nous nous mettons dans une position où nous appréhendons une situation incertaine qui n’a pas encore eu lieu, comme si elle était une menace (Geninet et Seidah, 2020).
L’anxiété nous amène à constamment nous inquiéter pour des raisons qui peuvent être réelles ou moins probables. La source de notre anxiété peut donc être due à un stresseur absolu (comme être face à un ours) ou un stresseur relatif (lié à notre interprétation d’une situation) (Lupien, 2010).
Si nous n’apprenons pas à reconnaitre nos sources d’anxiété courantes ou si nous ne nous adaptons pas à cette émotion, elle peut rapidement devenir envahissante et cela peut être nuisible dans l’exercice de nos activités ou dans nos prises de décisions (Geninet et Seidah, 2020).
Une réorientation de carrière nous demande de prendre des décisions importantes. L’une des principales craintes, que me partagent les participants que je rencontre, est celle de faire le mauvais choix.
Mais qu’est-ce qu’un bon choix?
Il n’existe pas de choix parfait et il est impossible d’être sûr à 100% de ne jamais se tromper. Par contre, si nous prenons le temps de bien penser notre choix professionnel et de faire les démarches nécessaires, nous pouvons réduire les risques d’erreur.
Tout d’abord, une démarche d’orientation permet de nous aider à clarifier notre profil : nos intérêts, nos aptitudes, nos traits de personnalité, nos valeurs, nos besoins, nos attentes et le contexte dans lequel nous sommes à notre meilleur.
C’est à partir de ce profil que nous pouvons établir nos critères de décision prioritaires. Lorsque nous explorons les différents métiers, nous pouvons faire des liens entre les tâches, les conditions de travail ainsi que le milieu professionnel et ces critères de décision.
Une réorientation de carrière est synonyme de changement, mais celui-ci doit demeurer tolérable (Lecomte et Savard, 2009). Cela peut dès lors être possible lorsque nous pouvons ressentir une cohérence entre notre profil et nos options professionnelles. C’est cette analyse qui nous permet de prioriser certaines d’entre elles et d’en délaisser d’autres.
L’exploration terrain (participer à des journées d’observation, contacter des professionnels, assister aux séances d’information) est aussi une étape importante de la démarche d’orientation, afin de valider si la réalité correspond à notre perception du métier.
Une fois que nous avons pris des décisions quant à nos objectifs professionnels, il est possible d’établir un plan d’action détaillé. Entre autres, il est important de penser aux choix professionnels alternatifs satisfaisants pour se préparer à l’éventualité où notre objectif principal ne fonctionnerait pas.
La pandémie nous l’a démontré, il est impossible d’avoir un contrôle total sur la réussite de notre carrière. Il est donc nécessaire, dans notre prise de décision professionnelle, d’être indulgent envers soi-même, de tolérer nos craintes, de nous adapter à notre anxiété et de faire preuve de souplesse.
La priorisation de nos critères décisionnels peut être un moyen de s’assurer de faire un choix qui se rapproche le plus possible de notre idéal ou du moins de nos besoins actuels.
Toutefois, il faudra faire le deuil de la solution parfaite à tous les points. Il est important de nous rappeler que cette période de réflexion est transitoire. Elle peut nous amener parfois à reculer et à vivre de l’anxiété, mais elle nous dirigera certainement vers l’atteinte d’une satisfaction personnelle et professionnelle.
Sources
- Geninet, I. et Seidah, A. (2020). L’anxiété apprivoisée : transformer son stress en ressource positive. Montréal (QC) : Les Éditions du Trécarré.
- Lecomte, C. et Savard, R. (2009). Counseling de carrière avec ses enjeux d’orientation, de réorientation, d’insertion, de réinsertion, d’adaptation et de réadaptation.
- Lupien, S. (2010). Par amour du stress. Boisbriand (QC) : Les Éditions au Carré inc.