La réorientation de carrière : du connu inconfortable vers l’inconnu confortable

Carrière/Parcours professionnel

Prendre la décision de changer de carrière n’est pas une mince affaire. Cela nécessite du courage, de la volonté et de la résilience. J’en sais quelque chose, car j’ai moi-même réorienté ma carrière.

D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours voulu être professeure. J’aimais l’école, j’y vivais des réussites en tant qu’élève, j’avais une soif de connaissance accrue, mais surtout une envie d’aider les autres à l’école. Dans ma tête, dans mon cœur et dans mon âme, j’étais complètement convaincue que l’enseignement était ma vocation. L’idée même de remettre cette notion en question était inconcevable : mon futur en tant qu’enseignante faisait partie intégrante de moi, au même titre que je suis une femme, que je suis québécoise, que je suis la sœur de mon frère, « name it »! J’ai construit mon identité, dès le plus jeune âge, autour du fait qu’un jour, j’allais être professeure. J’ai persévéré dans cette vie que j’ai longtemps idéalisée jusqu’au début de l’âge adulte : j’ai eu la chance d’obtenir un emploi rapidement en région. Je vivais enfin dans vie idéale.

Pourtant, après à peine 2 ans, j’entrais chez moi épuisée, je ne mangeais plus, ne dormais plus, quelque chose de très gros clochait, mais je n’arrivais pas à le nommer, et ce malheur se répercutait dans toute ma vie personnelle. Cependant, renoncer à ce à quoi j’aspirais depuis si longtemps n’avait tout simplement pas de sens. J’étais profondément brisée.

COURAGE : Pour avoir quelque chose que vous n’avez jamais eu, vous devez être prêt à faire quelque chose que vous n’avez jamais fait.

J’étais perdue, jusqu’à ce que je prenne mon courage à deux mains, que je fasse quelque chose que je n’avais jamais fait, soit me remettre en question et réfléchir réellement à ce que je voulais dans ma vie. Il fallait que j’accepte le fait que mon connu était devenu beaucoup trop inconfortable et que j’aille à la rencontre de professionnels, dont une conseillère d’orientation. Elle m’a aidée à mieux me connaître et m’a amenée à me poser les véritables questions pour comprendre qui j’étais et ce que je souhaitais au plus profond de moi. Pourquoi n’étais-je pas bien dans mon travail? Était-ce le milieu? Les tâches? Les responsabilités? Pourrais-je faire autrement?

VOLONTÉ : Chaque réussite commence avec la volonté d’essayer

« Je veux aider les autres », est l’une des premières phrases que je lui ai dites. J’ai compris avec elle que je pouvais aider les autres d’une autre façon que par le biais de l’enseignement. En apprenant à me connaître, j’ai mieux compris comment je voulais aider les autres, dans quel environnement je souhaitais le faire et avec quel type de clientèle. J’aurais pu être vigilante étant donné que, plus jeune, j’avais horreur des emplois d’été en camp de jour avec une horde d’enfants surexcités! J’ai fait la différence entre mes champs d’intérêt personnels et professionnels et mes aptitudes. Ce n’est pas parce que je suis bonne à l’école que je dois y travailler. Ce n’est pas parce que j’aime le français que je dois l’enseigner. Ce n’est pas parce que je suis malheureuse que je dois le rester!

RÉSILIENCE : L’art de naviguer dans les torrents

Quand on me demande : « ferais-tu les mêmes choix ? », je réponds : « certainement!». Si quelqu’un m’avait dit, à l’âge de 18 ans, que l’enseignement n’était peut-être pas fait pour moi, cela n’aurait probablement rien changé, parce qu’à ce moment, j’étais convaincue que c’était ce que je devais faire. Il a fallu que je sois disposée à me remettre en question pour mieux « me voir ». Je ne peux maintenant que regarder de l’avant et utiliser mon expérience comme un levier. Jamais je ne considèrerai que mon parcours passé est une perte : j’ai appris plus que jamais de quoi j’étais capable.

La réorientation de carrière n’est pas toute rose : j’ai mis du temps, des efforts et de l’argent dans mon nouveau projet professionnel (je peux vous dire que j’en ai mangé des légumineuses et du riz!). Pourtant, cela reste à ce jour le projet dont je suis le plus fière. Avec un bon accompagnement et une bonne préparation, j’ai pu réaliser mon objectif et faire ce changement pour les bonnes raisons, en cohérence avec moi-même.

J’ai toujours voulu aider les autres et aujourd’hui, c’est encore ce que je fais, mais autrement!