Les générations en emploi ou l’art du bien vivre ensemble au travail

Marché du travail

« Pour s’entendre, il faut d’abord se comprendre. » – Carol Allain

Quatre générations se partagent l’espace du monde du travail. À travers le temps, l’histoire et le marché de l’emploi évoluent à la vitesse grand V, une vitesse dont la COVID-19 a plutôt été un accélérant qu’un limitant à certains égards. Qu’on soit employé ou employeur, nous côtoyons ces quatre générations d’humains avec leurs différences prononcées ou moindres, et leur interinfluence sujette à des conflits. Bref, ces différentes générations ont un désir intrinsèque de trouver un emploi qui leur ressemble, une envie de s’épanouir et surtout un désir conscient ou inconscient d’être pleinement eux-mêmes dans ce « vivre ensemble au travail ».

Mais comment allier, gérer et intégrer les employés au cœur de ce tourbillon social? Comment amenuiser ces différences intergénérationnelles pour en faire une force commune plutôt qu’un abîme d’individualisme?

Quand il est question d’histoire d’humanité, de bouleversements et de changements notoires, l’utilisation de la modération des proverbes, surtout africains, m’inspire énormément. D’une part, pour garder ce caractère d’ouverture à la réflexion et au dialogue, d’autre part, pour conscientiser à une réelle responsabilisation face à la tentation d’être dans le jugement, et enfin, pour pousser à l’action commune et constructive au rythme d’une interinfluence réaliste et audacieuse d’espoir.

Voici donc 7 proverbes gravitant au cœur du bien « vivre ensemble au travail ». Nous verrons toutes les différences, les chocs et les conflits, mais aussi, les forces, les richesses et les liens entre les générations au travail.

1. « L’arbre est devenu une pirogue, on ne revient plus en arrière. »

Partons du principe qu’on ne puisse changer ni la personnalité ni les réflexes professionnels d’un individu avec un coup de baguette magique ou un discours moralisateur. En effet, il s’agit de comportements souvent inhérents à la génération de l’individu qui viennent de contextes socioéconomiques et historiques bien ancrés. Cependant, au bonheur des employeurs et collègues, ces comportements peuvent être tempérés selon le sens de l’adaptation, la provenance et selon l’éducation reçue.

2. « C’est au bout de l’ancienne corde qu’il faut tresser la nouvelle. »

Prenons conscience que, oui actuellement, ces quatre générations différentes cohabitent sur le marché de l’emploi, mais ne perdons pas de vue que la population est vieillissante. Nous allons devoir travailler de plus en plus longtemps, et il vaut mieux s’intéresser à cette réalité sociale et agir.

Les cinq générations sont :

  1. la génération traditionnelle (personnes nées jusqu’en 1944);
  2. la génération des baby-boomers (personnes nées entre 1945 et 1961);
  3. la génération X (personnes nées entre 1962 et 1978);
  4. la génération Y (personnes nées entre 1979 et 1994);
  5. la génération Z (personnes nées entre 1995 et 2010) qui n’a pas encore totalement sa place sur le marché du travail.

3. « La vie est une leçon qu’on n’a jamais fini d’apprendre. »

Dans chacune des générations, nous retrouvons des différences qui se manifestent dans le milieu de travail. Tandis que les traditionnels désirent un travail pour être encore utiles à leur communauté, les baby-boomers attachent encore une grande importance au travail et à la stabilité. La génération X a à cœur l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, et les Y ont des attaches professionnelles qui sont temporaires, car ils désirent une vie personnelle avant tout. Tous ces travailleurs ont des besoins différents auxquels il faut répondre. Voilà le défi pour les employeurs et aussi pour les employés!

4. « Le Temps révèle ses vérités. »

Au fil du temps, les différences les plus significatives se sont dévoilées dans l’espace travail. Le décalage le plus notable entre les jeunes et les anciennes générations est la technologie. Les anciennes générations vous diront à leur tour mieux connaître la valeur du travail que les plus jeunes. Par exemple, la génération Y s’est taillé la réputation de ne pas porter une grande considération à l’autorité. Les plus jeunes ont accès à l’information plus facilement, car il y a une quantité quasi infinie de connaissances disponibles sur le Web à tout moment. Puis, la langue anglaise a envahi le monde du travail au détriment de la langue de Molière. De plus, les marchés internationaux séduisent les jeunes embauchés et leur offrent de réelles opportunités de carrières alors qu’ils n’ont pas encore d’attaches familiales. Il faut prendre le temps de réfléchir, et de comprendre chaque génération avec leur interinfluence pour trouver ensemble des pistes de solution.

5. « Tant que la marche continue les bras continuent de balancer. »

Une bonne compréhension des générations par les gestionnaires et les employés favorise l’échange de compétences et amenuise les chocs en général.

La mise en place de pratiques « agiles » ainsi qu’une stratégie RH afin d’attirer et de garder ses équipes doivent être mis en place. Il est d’ailleurs en vogue de parler de « marketing RH ».

6. « Le meilleur moment pour semer une forêt, c’est il y a vingt ans. Le second meilleur moment, c’est aujourd’hui. »

« Il ne s’agit pas de séparer et d’opposer les générations, mais plutôt de les rapprocher et de les envisager dans leur complexité (…) Nous devons agir ensemble dans nos différences et nos certitudes afin de chercher à nous lier davantage les uns des autres » (Carol Allain, 2014).

Il faut comprendre que chaque génération apporte un aspect positif au travail qui est profitable pour tous. Nous avons tout intérêt à comprendre les générations qui nous entourent, car bientôt la génération Z fera sa place sur le marché du travail. En effet, d’ici les 10 prochaines années, les générations Y et Z seront majoritaires.

Chaque individu employeur ou employé doit :

  • Comprendre l’origine des comportements;
  • Éviter d’être dans le jugement;
  • Travailler son ouverture d’esprit face aux différences;
  • Composer avec l’autre sans se dénaturer;
  • Accueillir le changement et la vitesse, qui sont inévitables;
  • Communiquer;
  • Accepter le passage du temps au lieu d’être en quête de jeunesse éternelle.

7. « La route ne donne pas de renseignements au voyageur. »

Les conflits entre générations datent de bien avant le concept de génération. On assiste au découragement des anciens envers la désinvolture des jeunes et du jugement de ces derniers envers les anciens. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil dira la maxime. Alors, prenons notre mal en patience… car finalement les systèmes et les marchés s’adaptent et se modifient. On finit donc toujours par s’en sortir.

Plusieurs pistes de solution sont à prendre en considération par les entreprises. Voilà quelques-unes :

  • Former son personnel sur le sujet pour mieux se comprendre;
  • Créer des équipes et des groupes de discussion intergénérationnels;
  • Repenser la hiérarchie;
  • Développer son leadership et sa capacité de coaching: culture d’ouverture, conciliation travail/famille, lieux de ressourcement et de réflexion, aménagement d’espace de travail, télétravail, veille sur la qualité de vie… Bref, penser un « marketing RH ».