Témoignage
Dans le cadre de sa campagne Sortez des sentiers battus, qui vise à mettre en valeur des parcours atypiques, Trouve ton X a eu la chance de rencontrer Louise Richer, comédienne, humoriste, directrice artistique et metteure en scène de talent. Dans ce témoignage, elle nous livre quelques lignes de son riche parcours professionnel… et scolaire!
Quel emploi occupes-tu aujourd’hui? En quelques mots, décris-nous ton parcours scolaire et professionnel jusqu’à aujourd’hui.
Je suis la fondatrice et directrice générale de l’École nationale de l’humour depuis maintenant 35 ans. J’ai débuté mon cégep en mathématiques, puis j’ai bifurqué en sciences humaines. Je suis ensuite allée à l’université en psychologie, pour faire un baccalauréat et une maîtrise. Pendant quelque temps, j’ai été chargée de cours à Val-d’Or et Rouyn-Noranda, au Centre d’études universitaires dans l’Ouest québécois (maintenant l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), tout en faisant un peu de clinique auprès des personnes en surpoids.
À 29 ans, j’ai lâché la psychologie, car la pulsion que j’avais toujours refoulée d’être comédienne a resurgi. Étant trop vieille pour les écoles de théâtre ici, je suis allée étudier un an à New York en 1981-1982. En 1983, j’ai participé à la toute première soirée des Lundis des Ha!Ha! avec un personnage punk, qui a donné lieu à mon premier « one-woman show » que j’ai promené en solitaire à travers le Québec.
J’ai ensuite travaillé comme comédienne, tout en assurant la codirection artistique des Lundis des Ha!Ha! puis d’autres clubs de comédie sous l’égide de Juste pour Rire. Cela m’a permis de constater qu’il n’existait aucune ressource pour soutenir les humoristes, qui sont à la fois des auteurs et des interprètes. L’idée a germé de mettre sur pied une formation pour les humoristes, une idée qui a été très mal reçue et même ridiculisée au départ : les gens me disaient que « l’humour n’est pas un art », que « l’humour ne s’apprend pas », que « tout le monde peut être drôle », etc. On a tout de même réussi à monter un programme de formation avec un financement fédéral et, après quelques années, on a obtenu une reconnaissance officielle du ministère de l’Éducation du Québec : c’est ainsi qu’ont été créés l’École nationale de l’humour et le poste que j’occupe aujourd’hui.
Selon toi, qu’est-ce qui fait en sorte que ton parcours est unique?
Nous avons tous et toutes des parcours uniques, mais certains ont plus de méandres que d’autres. Disons qu’inventer une école, c’est assez unique! Au tournant de mes 60 ans, j’ai aussi eu une vive soif d’apprendre et de me déstabiliser un peu pour rester stimulée et stimulante. Je suis donc retournée aux études en 2014 pour faire un EMBA McGill-HEC Montréal, c’est-à-dire un MBA exécutif qui rassemble des gens qui ont déjà plusieurs années d’expérience de gestion. Je suis alors passée de directrice d’école à étudiante!
Quelles sont les plus grosses embûches que tu as réussi (ou pas!) à surmonter? Comment y es-tu parvenue?
Très certainement la fondation de l’École nationale de l’humour. Je n’avais pas prévu qu’en mettant ce petit bateau sur l’eau, les vents allaient être si contraires. Je ne m’attendais pas à devoir défendre le principe même d’une formation en humour sur la place publique et dans les médias. J’ai rencontré beaucoup de mépris et cela n’a pas seulement duré 1 ou 2 ans, mais plutôt 15 ans. J’ai vécu mon lot d’anxiété, mais souvent quand on sert une cause qui est plus grande que soi, on se trouve une force qu’on n’avait pas soupçonnée.
Qu’est-ce qui te motive le plus dans ta situation actuelle?
Cela a toujours été important pour moi de me sentir en cohérence avec mes valeurs dans mon travail. L’humain évolue sans cesse et son X aussi : en faisant preuve d’ouverture, nos intérêts peuvent évoluer et on peut décider d’« aller voir ailleurs si j’y suis ». C’est pourquoi j’ai toujours déployé mes antennes pour capter ce que la vie pouvait m’apporter, en répondant à des appels sans trop savoir où cela allait me mener.
Une formation, c’est un véritable parcours de découvertes, de soi tout comme de nouvelles connaissances et de compétences. Mais la vie aussi est un parcours de découvertes : encore faut-il avoir le goût de découvrir!
En réfléchissant à ton parcours, que dirais-tu à ta jeune toi si tu en avais la possibilité?
Enfant, je me sentais un peu différente : j’avais le sentiment d’avoir à chercher mon groupe d’appartenance. C’est peut-être beaucoup demandé à un ou une enfant, mais j’irais avec plus de confiance en soi et d’affirmation de soi. Et aussi d’accepter le doute, sachant que le doute peut très bien cohabiter avec la proactivité. L’objectif n’est donc pas de ne pas douter – parce que le doute peut faire en sorte qu’on ait plus d’ouverture, de volonté de comprendre les choses – mais plutôt d’utiliser le doute comme un moteur pour avancer.
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