Fonder une coop de travail : le parcours de Frédéric

Témoignage

Dans le cadre de sa campagne Sortez des sentiers battus, qui vise à mettre en valeur des parcours atypiques, Trouve ton X vous présente le témoignage de Frédéric, un jeune entrepreneur social qui a cofondé la première coopérative de travail en ingénierie au Québec.

Quel emploi occupes-tu aujourd’hui? En quelques mots, décris-nous ton parcours scolaire et professionnel jusqu’à aujourd’hui.

J’ai un DEC en mécanique du bâtiment, un baccalauréat en génie mécanique et une maîtrise en efficacité énergétique. Mon parcours scolaire m’a permis de faire des stages rémunérés dès ma première année de cégep. J’ai donc fait cinq stages différents avant de graduer du bac. Mon implication parascolaire teinte également mes orientations, surtout à l’université où je me suis impliqué avec SerreÉTS, un club étudiant souhaitant faire une serre sur le toit de l’ÉTS et offrir des services-conseils en ingénierie pour des projets d’agriculture urbaine auprès de « start up » et d’OBNL. Mon dernier stage a été effectué au Pérou, pour construire des serres solaires passives à faible technologie pour une communauté locale.

Après cette expérience, nous avons réfléchi en groupe à un moyen de travailler en ingénierie qui serait plus aligné avec nos valeurs, c’est-à-dire en réalisant des projets à fort impact social et environnemental, en plaçant l’humain au cours de notre pratique et en démocratisant le savoir technique. Nous savions, par nos nombreuses expériences sur le marché du travail, qu’aucune entreprise ou institution ne nous permettrait d’avancer rapidement ces réflexions et les façons de les rendre concrètes. Avec neuf collègues finissants, nous avons fait la boussole entrepreneuriale et avons découvert le modèle de coopérative de travail. En 2017, nous avons fondé ALTE Coop, la première coopérative de travail en ingénierie au Québec, pour offrir des services aux particuliers et entreprises dans le secteur du bâtiment écologique, de l’énergie et de la production industrielle et agricole. Par chance, notre parcours de formation a mis des ingénieurs seniors sur notre chemin : sinon, ce projet aurait été beaucoup plus long et incertain!

Peu de temps après avoir joint mon entreprise à temps plein, en juin 2020 – en pleine pandémie, je suis tombé en arrêt maladie pour dépression. J’y suis retourné à l’été 2021, avant de partir six mois en congé de paternité. C’est donc à mon retour en septembre 2022 que j’ai commencé à développer mon secteur d’activité au sein de ma coop. Aujourd’hui, en plus de mes tâches de gestion d’entreprise collective autogérée et de projets de performance énergétique en logement social, je dirige la création d’un consortium d’entreprises d’économie sociale qui œuvre en immobilier collectif.

Selon toi, qu’est-ce qui fait en sorte que ton parcours est unique?

J’ai terminé mon « juniorat » d’ingénierie dans la coop de travail que j’ai cofondée, la première dans le milieu de l’ingénierie au Québec. Notre coop vise à donner la charge de travail souhaitée à chacun·e de ses membres : je travaille 4 jours par semaine, alors que d’autres font 30, 10 ou 5 heures par semaine. J’ai aussi amené une politique de supplément au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) et des congés pour obligation familiale au sein de mon entreprise.

Quelles sont les plus grosses embûches que tu as réussi (ou pas!) à surmonter? Comment y es-tu parvenu?

Mes plus grosses embûches sont :

  1. Ma dépression, mon anxiété de performance et mon syndrome de l’imposteur, que j’adresse en thérapie;
  2. L’absence de modèle d’entreprise qui correspond suffisamment à mes valeurs et à mon désir de changer les pratiques en ingénierie : c’est pourquoi nous avons créé une entreprise à notre image;
  3. Mon (notre) manque d’expérience dans la pratique de l’ingénierie : nous avons trouvé des seniors et avons suivi des formations professionnelles, en plus de nous faire la main sur nos premiers mandats.

Qu’est-ce qui te motive le plus dans ta situation actuelle?

J’aligne complètement ma réflexion sur la définition du travail et de notre pratique professionnelle avec la façon d’opérer de notre entreprise. Je travaille à collectivement trouver le chemin le plus rapide vers la transition socioécologique.

As-tu une anecdote amusante à raconter sur ton parcours?

Pendant 12 ans (depuis l’école secondaire), j’ai fait de l’improvisation, ce qui est assez atypique dans mon champ d’étude. J’ai beaucoup gagné en confiance lors de présentations devant plusieurs personnes, même devant public, ce qui me permet de souvent prendre le « lead » dans des groupes. On me pense souvent extroverti pour cette raison, mais je suis d’abord introverti. Bref, mes acquis en improvisation ont été de redoutables avantages sur le marché du travail et lors du développement de mes projets étudiants et entrepreneuriaux.

En réfléchissant à ton parcours, que dirais-tu à ton jeune toi si tu en avais la possibilité?

Respire, profite, le temps passe si vite. Fais-toi confiance, tu es vraiment meilleur que tu ne le crois. Sois fier de toi et de tes accomplissements. Tu as le droit à l’erreur, c’est comme ça qu’on apprend.

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