Témoignage
Dans le cadre de sa campagne Sortez des sentiers battus, qui vise à mettre en valeur des parcours atypiques, Trouve ton X vous propose le témoignage de Dominique, une conseillère en emploi et conseillère d’orientation aux différents potentiels.
Quel emploi occupes-tu aujourd’hui? En quelques mots, décris-nous ton parcours scolaire et professionnel jusqu’à aujourd’hui.
Je suis conseillère en emploi et conseillère d’orientation. J’ai fait mon cégep en langues et cultures, une session en études hispaniques, un baccalauréat en psychologie, puis j’ai commencé la maîtrise en orientation. J’ai abandonné et je suis allée travailler 10 ans en administration (dont 8 dans le jeu vidéo!) avant de décider de finir ma maîtrise en orientation.
Mon premier emploi de conseillère d’orientation a été dans une école secondaire de langue anglaise et mon deuxième, dans un organisme en employabilité auprès des personnes en situation de handicap. Maintenant, je suis conseillère en emploi et aux entreprises dans un organisme que j’adore, tout en continuant de faire de l’orientation au privé.
Selon toi, qu’est-ce qui fait en sorte que ton parcours est unique?
À la base, je suis une créative, mais ce n’est pas ce que j’ai choisi de professionnaliser. J’avais tellement entendu dire qu’il n’y avait pas beaucoup de chances de faire de l’argent avec cela que je n’ai même pas envisagé l’idée. Ce fut le début d’une grande quête identitaire.
Je m’identifie comme multipotentielle. Pour moi, choisir une carrière, c’était renoncer à toutes les autres! Avant d’être conseillère en emploi et conseillère d’orientation, j’ai voulu étudier en communication, en littérature, en technologies, mais j’ai finalement choisi les sciences sociales et l’éducation. Dès le cégep, j’ai occupé des emplois très variés, dont certains comme travailleuse autonome : conseillère en vente, conseillère en location touristique, réceptionniste, coordonnatrice de voyages corporatifs, adjointe de direction, adjointe exécutive, assistante-styliste culinaire, agente administrative, correctrice… sans jamais avoir l’impression d’être où je devais. Mon parcours part dans tous les sens, et je pense que c’est ce qui fait ma richesse en tant que personne.
Une des raisons de mon retour vers l’orientation, c’est que j’ai pu expérimenter toute la complexité d’effectuer un choix, et j’ai réalisé qu’il aurait été très utile d’avoir une ressource experte en la matière pour me soutenir. J’ai constaté toute la pertinence de mon métier à ce moment-là. Choisir, c’est un processus difficile, qui engage l’identité, et j’ai souhaité venir en aide à d’autres personnes comme moi. J’ai ensuite découvert le plaisir du rôle-conseil grâce à mon travail en employabilité, et maintenant, je pense avoir trouvé ma formule gagnante : conseillère en emploi salariée, conseillère d’orientation au privé et artiste dans ma vie personnelle (chant, piano, écriture, etc.).
Quelles sont les plus grosses embûches que tu as réussi (ou pas!) à surmonter? Comment y es-tu parvenue?
Lors de mon bac en psychologie, le doctorat est devenu obligatoire. Je n’avais pas les notes, et ça a chamboulé mon plan de carrière. Je suis donc allée en orientation sur les conseils bienveillants d’un professeur d’université. Vers la fin de ma maîtrise, j’ai vécu une grosse peine d’amour et j’ai commencé à avoir des difficultés avec la dépression, en plus de composer avec un historique de trouble alimentaire. Je n’étais plus sûre de rien et j’ai abandonné la maîtrise.
Après quelques années en administration, j’ai tenté le seul emploi créatif que j’ai eu (assistante-styliste culinaire.) J’en mangeais — sans mauvais jeu de mots —, mais le poste a été coupé pour des raisons budgétaires. Je me suis vraiment effondrée à ce moment-là, mais ç’a été l’élément déclencheur pour finir ma maîtrise, à temps très partiel tout en travaillant à temps plein. Tout au long de ces années, j’ai fait beaucoup de thérapie, j’ai découvert la pleine conscience et la diversité corporelle, j’ai mis beaucoup de temps et d’efforts sur mieux me comprendre. J’ai réappris à prendre soin de moi et à vivre avec toute la palette des émotions. J’ai encore de la difficulté à montrer de la vulnérabilité, mais je suis capable de demander de l’aide. Je me considère aussi chanceuse d’avoir eu le soutien de plusieurs personnes, particulièrement de celui qui est aujourd’hui mon mari. J’ai eu des gens qui ont cru en moi quand moi je n’y croyais pas. Grâce à tout ça, j’ai surmonté cette période, et maintenant, j’ai l’impression que la vie me sourit!
Qu’est-ce qui te motive le plus dans ta situation actuelle?
Je suis dans un milieu de travail qui reconnaît mes différents potentiels et me donne l’opportunité de les exploiter. J’aime mon horaire, la clientèle et le fait que je puisse aussi continuer mes services privés. Je réserve beaucoup de temps et j’investis dans mes passions et intérêts (il en pousse de nouveaux chaque mois, c’est comme des champignons ces affaires-là!). Je suis bien entourée, et après tout ce temps, je me sens enfin « sur mon X » justement!
As-tu une anecdote amusante à raconter sur ton parcours?
Je suis sortie de mon dernier entretien dans le monde de l’administration en souhaitant ne pas obtenir le poste. J’étais bien mal prise de dire non quand ils me l’ont offert! Ça ne me tentait plus, mais j’avais besoin de travailler. Il s’est avéré que ç’a été une excellente expérience, une des plus précieuses! J’y ai connu des gens extraordinaires, j’ai pris confiance en moi et je suis amie avec mon ancien patron. J’en suis bien reconnaissante!
En réfléchissant à ton parcours, que dirais-tu à ta jeune toi si tu en avais la possibilité?
Prends un temps d’arrêt si tu ne sais plus ce que tu veux faire. Fais-toi aider. Va dans le même sens que tes talents, et informe-toi sur les possibilités de carrière réelles liées aux domaines qui t’intéressent. Mais surtout… prends soin de toi. Fais de toi ta propre priorité et permets-toi d’être telle que tu es : intense, sensible, passionnée, pleine d’idées!
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